Poursuivre le voyage...
L' île est toujours à portée de mots.
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Des mots nés
sur son dos
Des mots cadencés
Face à flot
Seul
Entre mouvance et rocher
¤ ¤
J’emprunte la laisse de mer
Avant qu’un jour
Elle ne file entre mes doigts.
¤ ¤
Toujours au bord
Et perdus dans le bleu
Les yeux s’époumonent
A contempler la limite.
¤ ¤
Sous la mer
Les galets tremblent et puis parlent
Aussi clairs qu’une mésange au matin
Et puis troubles encore au jusant.
La mer a monté d’un cran
La pierre et l’oiseau se sont tus
J’ai entendu plus loin, à cœur et à sang.
¤ ¤
Que veux-tu faire contre un mauvais sommeil ?
Rien d’autre qu’un médiocre réveil.
¤ ¤
L’odeur du bleu s’interpose
J’ai du mal à rejoindre les vivants.
¤ ¤
S’extraire
Un peu plus chaque jour
Une huile de rocher
Pressée
Lentement
Va tomber
Le vent du monde a soufflé
Va tomber
Le rocher là, les galets
Vous pleurez
Fougères blondes et brûlées
Elle va rompre
L’assise ultime à peine née
Va tomber
Le souffle d’aile est passé
Va tomber
Le rocher là, les galets
Vous guettez
Le cormoran en croix, l’étonné
Tout corrompre
L’écume un matin, l’oiseau fané
Va tomber
Le chant de l’île en bordée
Va tomber
Le rocher là, les galets
Vous marchez
Le bord d’un gouffre, la marée
Gare à glisser
Retiens la lande
Va chavirer !
Va tomber
Le vent du monde a soufflé
Va tomber
Le souffle d’aile est passé
Va tomber
Le chant de l’île en bordée
Va tomber
Après tout
Qu’est ce que j’en sais ?
¤ ¤
¤ ¤
C’est au rivage de Pern
Que la côte me lance
Plantés dans la vague les porteurs de lanterne,
Deux ou trois Giacomettis perdus dans la danse
Socles de bitume et semelles de naufrages
Rigueur qui s’enfle à tous vents
Figés de stupeur et nourris de gros temps.
Les blancheurs s’enroulent et montent
Gonflent et avalent
Saisissent et submergent
Si l’on entend la vague qui claque et raconte
C’est pour joindre la colère
Aux lèvres d’eau qui palpitent.
C’est du très fond que ça gronde
Que ça pousse et que ça roule
Ces eaux n’ont rien vécu que la houle
Et la lâme vient trancher les blocs qu’elle inonde.
A Pern,
L’assemblée de granit te rassure à peine
Demande aux porteurs de lanternes
Si la marée les apaise ou les mine…
¤ ¤
La parole est de sel
A moins que d’hydrogène
Elle ne raconte rien
Comment dire la mer qui relie ma vie à elle-même.
J’irai à Ouessant
Un peu plus tard
En cendres ou en paroles
C’est là que se ferme ma vie et qu’elle va disparaître.
¤ ¤
A chaque saison, son chemin
Ecarquillé vers la grève
Ce lien de sable
Abîmé par la mer
Et jaillissant de la pointe
Comme une dette
Le roc
Issu de la vague
Semble reconstituer la pierre.
La baie blanche de Quartz
Est-ce la naissance ou la fin ?
¤ ¤
Si mon pied soulève des lézards
Gonflés de soleil pour leur fuite
Si ma main étouffe des bouvreuils
Qui se dérobent à mon silence
Si ma lèvre se pare de chèvrefeuille
Qui s’évapore sur la lande
Si mon oreille chasse la paix du granit
Sa hargne aussi, froide et grise
Si mes yeux enfin, saisissent le temps
Pour son esquive et son poids
Si mon corps assujetti de la mer
Recevait les embruns de sa pièce
J’aurais mille pas encore
Et une énième caresse.
¤ ¤
Le havresac de lande
La besace de bruyère
Un éclat de fleurs de tonnerre
Un galet pour l’espace
Ça vous fait des années !
¤ ¤
BRP (depuis 2006 - A suivre ...)