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DRUMMING THROUGH THE DECADES (La batterie à travers les décennies)

Épisode 5- Les années 40

Les changements de couleurs correspondent à la progression des sous-titres en Anglais dans la vidéo.

 

Dans les années 40 se présentait une croisée des chemins dans la mesure où certains musiciens étaient fatigués dans le simple divertissement du public et aspiraient à une musique plus expérimentale. C’est ce qui donna naissance au Be-Bop.

Comme un contrepoint, un nouveau style allait aussi naître en parallèle, venant bien sûr à nouveau des afro-américains, et qu’ils appelèrent le Rhythm Blues.

Saviez-vous que le fameux « hound-dog » avait été enregistré par une afro-américaine des années avant qu’Elvis ne sorte sa propre version ?

Mon nom est Vicky O’Neon. Batteuse et prof de batterie. Dans cet épisode, nous allons explorer les développements de la musique et de la batterie dans les années 40.

GENERIQUE

Épisode 5- Les années 40

  1. La seconde guerre mondiale et les orchestres féminins

Lorsque la guerre a éclaté, presque 16 millions d’hommes américains ont été mobilisés et les femmes ont dû prendre leur place dans la société.

On considérait que c’était leur devoir patriotique. On demanda à des musiciennes de s’acquitter du rôle des hommes dans les « Big-Band » et les orchestres de Jazz.

Beaucoup d’entre elles se rendirent même sur les théâtres étrangers pour jouer pour les troupes américaines.

Parce que l’Amérique était en plein « couvre-feu », nombre de salles de spectacle avaient dû fermer. L’un des rares groupes qui jouaient quand les Japonais attaquèrent en 1941 était le « Ada Leonard’s all American girls orchestra » (Orchestre uniquement féminin).

La grande guerre leur donna une réputation ; elle se mirent à travailler d’arrache-pied pour l’armée. Elles donnaient deux spectacles par jour, six jours par semaine. Sur leur jour de relâche on faisait très souvent appel à elle pour jouer dans les hôpitaux.

La batteuse du groupe était Florence Fagel Liebman de Brooklyn, New York. C'était une batteuse autodidacte dont la passion était le jazz, qu'elle avait approfondi en observant des musiciens comme Duke Ellington, Benny Goodman et Gene Krupa.

Dans le livre de Sally Placksin’s « Les femmes américaines dans le Jazz », Florence déclare qu'elle avait pris un grand plaisir à jouer pour dans l'orchestre au début, à cause de sa passion pour le Jazz. Elle souligne également que les conditions et toute la route à faire, était épuisantes.

Images avec le titre : Laissez respirer les filles !

La batteuse très reconnue de l’époque (voir épisode 4) Viola Smith décrit la situation dans une interview : « Avant la Seconde Guerre mondiale, les préjugés contre les musiciennes ne manquaient pas, mais pendant la guerre, on les a finalement prises au sérieux mais, jusqu'à un certain point seulement.

les gens se rendaient compte que les femmes peuvent être d'excellentes musiciennes si on leur en donne la chance. »

En 1942, elle a écrit un article au titre évocateur : Laissez respirer les musiciennes ! qui entraîna une polémique intense.

Smith affirmait qu'elle ne s’était pas mise à défendre la cause des musiciennes, pour qu’elles soient juste des substituts de guerre, mais bien pour qu'on reconnaisse aux femmes les véritables aptitudes et talents qui étaient les leurs. Il s’agissait bien de les autoriser à devenir des professionnelles comme les autres !

En résulta un Tsunami de courriers à l’éditeur : Citons une des réponses à l'article de Viola Smith :

« Sachez que je n'aime pas les femmes musiciennes ! Elles feraient bien mieux de laisser ce genre de business à ceux qui y connaissent quelque chose, à savoir les hommes ! (Troll pré-internet 1943)

Malheureusement il se trouva également beaucoup de femmes à se positionner contre l'activité de musicienne avec des commentaires comme celui-ci :

Je suis définitive ! Les femmes jouent une mauvaise musique swing ! Au lieu de s’y essayer en vain, les musiciennes devraient laisser jouer les hommes. La place des femmes c'est d'écouter et de danser, pas de s'asseoir dans l'orchestre pour casser les oreilles des auditeurs.

Et vous qu'est-ce que vous auriez avancé comme idées dans ces articles et ces débats

  1.  Les conséquences, après-guerre

À la fin de la guerre en 1945 la plupart des musiciennes perdirent leur emploi au retour des hommes. L'opinion souhaitait que les femmes rentrent dans leurs foyers qui était leur véritable place. La discrimination de genre de l’époque s’imposait lourdement à la société d’après-guerre et le rôle qu’avait tenu les femmes dans l'industrie de la musique pendant la guerre, connaissait maintenant un sévère retour de bâton (« backlash »).

Les Big-Bands perdaient régulièrement de leur succès à cause des difficultés économiques ; beaucoup de salles de danse (« Ball rooms »), d'hôtels, de   Night-Clubs durent fermer. Les orchestres par ailleurs avaient diminué le nombre de leurs musiciens.

L'industrie de la musique connaissait de grands changements à cause de l'influence de nouveaux genres de musique. Un autre grand changement frappait le monde du spectacle à travers le succès de la télé en noir et blanc qui se répandait comme la principale forme de divertissement.

  1.  le Be-Bop

Certains musiciens voulaient emmener le jazz beaucoup plus loin en tentant des expérimentations plutôt que de simplement jouer pendant que les gens dansaient. C’est pourtant ce rôle de la musique qui, jusque-là, avait rendu le jazz extrêmement populaire. Le temps était venu de passer à un nouveau style  de Jazz, né à Harlem, qu'on appela le Be-Bop.

C’était un style entièrement tourné vers l'improvisation. Les musiciens choisissaient des chansons très connues, des standards et réécrivaient les mélodies en les transformant en objets beaucoup plus complexes et élaborés que tout ce qu'on avait connu dans la musique jusqu'àlors.

Dans les années 40 le terme jazz était complètement associé au Be-Bop, devenant une forme d'art à part entière, dont les musiciens allaient pousser les frontières aussi loin que le jazz pouvait aller.

Un petit détour par mon studio en guise de récréation :

Premier constat : l'ensemble de batterie se développe encore une fois. Les batteurs ont remplacé les énormes grosses caisses, qui jusque-là pouvait atteindre un diamètre de 30 inches, par un instrument plus petit.

Le standard était aux environs de 20 inches qui est la taille la plus fréquente encore aujourd'hui.

Par ailleurs, Les batteurs commençaient à utiliser des cymbales beaucoup plus grandes et surtout l'une d'entre elles, qui prit un rôle très important la cymbale ride (en Anglais ride veut dire aller ou chevaucher) Par analogie, la « ride » fait avancer le rythme. La « Ride » est de cette manière, utilisée par les batteurs pour « tenir le temps ».

Plutôt que d'avoir le son de basse de la grosse caisse qui marquait le temps (Démonstration) les batteurs se tournent vers une fréquence plus aiguë, bien plus légère et subtile, un son flottant par-dessus tout le reste qui définit le temps (Démonstration).

Je crois que j'ai franchi quelques décennies en utilisant la batterie électronique pour vous montrer tout ça. La raison en est que j'habite dans un quartier résidentiel ; et comme la manière de jouer de la batterie devient de plus en plus puissante, je peux ainsi être respectueuse de mes voisins.

Mais l'intérêt de cette batterie électronique est aussi qu'elle dispose d'une variété de sons qui me permet de reproduire les timbres de nombreux ensembles de batterie, à travers toutes ces époques que nous allons traverser.

À partir d'aujourd'hui, je jouerai donc sur cette Roland-V-drum puisque nous allons progressivement nous éloigner de cette manière ancienne de marquer les quatre temps à la grosse caisse. Puisque ce son un peu lourd est abandonné, L’époque permet maintenant de pouvoir improviser des rythmes en liaison avec la caisse claire.

La manière antérieure de jouer de la grosse caisse était désignée par cette expression évocatrice : « lâcher des bombes ».

Passer à autre chose a permis aux batteurs d'être plus mélodieux dans l'accompagnement des motifs plus élaborés joués par les cuivres.

Le Be-Bop se jouait également beaucoup plus vite que le jazz traditionnel et la batterie avait maintenant gagné une place de premier plan.

C'était beaucoup plus fréquent d'entendre un dialogue entre la batterie et les autres instruments (Démonstration - Sweet Clifford - Clifford Brown)

Il faut bien reconnaitre que ce sont surtout des hommes qui commençaient à explorer cette nouvelle forme de jazz si stimulante mais des enregistrements de groupe de femmes afro-américaines existent : « Darling’s of rhythm ».

Elles jouaient du Hot-Jazz qui est apparenté au Be-Bop. Des rumeurs disent que Joséphine Boyd, la trompettiste du Darling’s aurait joué avec Dizzy Gillespie et l’aurait aidé à inventer le Bebop.

 

  1.  Rhythm and blues

 Il est clair que le Be-Bop n'était pas fait pour le « clampin moyen », qui lui, voulait juste « s’éclater » en dansant le samedi soir et pendant le weekend.

C'est la raison pour laquelle un autre style formidable avait commencé à émerger dans la communauté afro-américaine. Ce « Rythm and Blues » assumait clairement d’être une musique dansante.

Pour compléter le tout, la guitare et la basse électrique venaient d’apparaitre ; Ce qui signifiait que les batteurs allaient pouvoir pour la première fois, jouer des rythmes beaucoup plus puissants, inspirés par ce nouveau style.

Très souvent aujourd'hui, on oublie que la musique a existé bien avant l’existence de l'amplification.  C’est tout le jeu de la batterie qui en était évidemment modifié.

C'est le moment de faire un tour dans mon studio pour tester les nouveaux rythmes que permettait le « Rythm and blues ».

Parfait !  pour vous montrer ce qu’a modifié le Rythm and Blues, je vais partir du son des Big-Bands qui utilisaient essentiellement le swing de cette manière : (Démonstration 1 et 2 et 3 et 4)

Les musiciens de RnB ont développé complètement le « shuffle » plutôt que d’en rester au swing puisqu'ils pouvaient maintenant s'exprimer sans appréhender de couvrir les autres instruments.

Voyons les différences sur la batterie (Démonstration et décompte)

L'idée de marquer fortement le « BackBeat » (ce qui signifie marquer les temps 2 et 4) dans une chanson est ce qu'on entend dans la plupart des morceaux actuels. Cette manière de faire n'est pas vraiment apparu avant 1948.

Le morceau « Good Rockin’ tonight » de Wynonie Harris était la première chanson qui utilisait le « BackBeat » tout au long du titre.

Les origines du 2et4 sont une influence directe de la musique gospel où l'on frappe dans les mains sur ces temps (Démonstration à la voix).

Avant cette époque, il aurait été difficile pour la batterie de marquer ainsi les temps. La puissance du BackBeat  joué de cette manière aurait noyé tous les autres instruments.

Grâce à l'arrivée de la guitare et de la basse électrique, cette manière de jouer était rendue possible.

 « Good rockin’ tonight » devint un hit très important parce que les gens adoraient danser sur ce titre.

Il fut présent dans les Charts (hit-parades) pendant plus de six mois.

Dans le « Shuffle » des débuts, on marquait toutes les notes sur la caisse claire et le rythme sonnait à peu près de cette manière (Démonstration).

Un peu plus tard, on a frappé les temps 2 et 4 (le BackBeat) de plus en plus fort et le son changea de cette manière (Démonstration). On entend bien que l’histoire nous mène aux marges du Rock and Roll que nous verrons en détail dans le prochain épisode.

Mettons tout cela en forme avec une démonstration sur le titre « Good Rockin’ Tonight »

  1. Willie Mae-Big Ma Thornton

Emma Thornton était la première femme, chanteuse de Blues qui combinait ses talents vocaux et de compositrice avec sa maîtrise de la batterie. Elle avait grandi en chantant dans les églises et avait appris seule à jouer de l’harmonica et de la batterie, instruments qu’elle utilisait régulièrement sur scène.

2 sous-titres suivants : Elle se produisait dans les salles du « Chitlin Circuit » (réseau de salles de spectacles) qui autorisait les Africains-Américains à se produire dans de bonnes conditions de sécurité (penser à ségrégation). En 1953, elle enregistra une chanson que tout le monde connait « Hound dog » qui fut immédiatement n°1 dans tous les charts du Rythm’n blues. Même si la chanson se vendit à deux millions d’exemplaires, Thornton ne reçut que 500 dollars en contrepartie.

Elvis Presley qui sortit sa version juste quelques années après, ne fut pas seulement crédité d’une incroyable célébrité mais se trouva à la tête d’une fortune fabuleuse engrangée grâce à ce même titre. Les historiens ont relevé cet exemple comme une des plus notables injustices qui existaient à l’époque entre les artistes noirs et les artistes blancs.

  1.  Johnnie Mae Dunson

Johnnie Mae est une autre chanteuse batteuse qui allait devenir une légende du Chicago Blues.

Elle avait commencé à se produire sur Maxwell Street, la Mecque originelle du Chicago blues.

Son style de batterie était décrit comme « brut et sauvage » et reposait sur ses souvenirs d'enfance lorsqu'elle frappait les baguettes sur les seaux d'eau en étain de sa mère.

Dans un article du « Chicago Tribune » elle raconte :

« Quand j'ai joué pour la première fois à Chicago dans les années 40, les gens parlaient mal des femmes qui jouaient le Blues. Ils disaient que je ne devais pas être une femme puisque je jouais de la batterie. »

Dunson a aussi écrit un grand nombre de chansons. 600 morceaux de blues dit-on sur une carrière qui a duré plus de 60 années ; elle écrivait également pour des artistes reconnus comme Muddy Waters et Jimmy Reed mais elle n'a jamais été payé plus de 50 dollars et très souvent, elle ne recevait rien.

Elle a continué à jouer et à chanter le Blues jusqu'à sa mort en 2007.

La musique Rythm’n Blues que nous avons vue, était jouée et écoutée tout au début par les communautés afro-américaines, juste avant de toucher un public international et de littéralement « exploser ».

C'était la musique précurseur du rock n'roll qui allait révolutionner l'histoire pour toujours.

Nous verrons tout cela dans le prochain épisode en nous plongeant dans les années 50.

GENERIQUE

Épisode 6 – 1950 / 1960

Merci beaucoup d'avoir regardé cet épisode ; j'aimerais avoir vos commentaires ci-dessous abonnez-vous et likez sans oublier de regarder les épisodes précédents si ça n'est déjà fait.

 A bientôt

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