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DRUMMING THROUGH THE DECADES (La batterie à travers les décennies)

Épisode 2- Début 1900 à 1920

Les changements de couleurs correspondent à la progression des sous-titres en Anglais dans la vidéo.

 

Aujourd’hui nous allons nous concentrer sur le début du 20ème siècle, alors que le monde allait connaitre des changements rapides, des inventions telles que l’automobile, le téléphone et l’électricité. La radio se répandait aussi très largement.

Les musiciens étaient également dans une grande phase d’inventivité.

Les instruments de percussions venus de différentes parties du globe allaient finalement se retrouver sur les mêmes scènes. Quant à la batterie (« drum-kit ») elle commençait tout juste à prendre la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Wow !

Générique - Vickie O’Neon vous présente « Jouer de la batterie à travers les décennies ».

Mon nom est Vickie O’Neon, batteuse et prof de batterie. Dans cette série documentaire nous examinons l’histoire des percussions en nous attardant principalement sur les évolutions des 150 dernières années.

Episode 2 – Début 1900 à 1920

1 Les Vaudeville shows (1890 1930)

Le théâtre vivant et les spectacles de variétés (« Vaudeville shows ») étaient alors des divertissements bon marché, conçus pour les classes laborieuses. Ils seront de plus en plus fréquentés alors que le nouveau siècle débute.

Les Vaudeville shows étaient les précurseurs des comédies musicales. Ils mêlaient déjà la musique, la danse et la comédie. Ils furent vraiment le modèle des divertissements populaires, capables d'attirer les foules dans de grosses machines commerciales.

Ils étaient également une tentative de rapprochement entre les classes sociales. Ces spectacles permettaient aux femmes et aux Afro-Américains de se produire et bien qu'ils fussent tenus dans l'ombre par leurs homologues masculins, blancs, on peut dire que la scène participait à l'acceptation mutuelle des différentes parties de la société.

Dans les Vaudeville shows, les femmes jouaient d'instruments « dits masculins » comme les percussions, le banjo et le trombone. (L'épisode 1 fait Le point sur le genre supposé des instruments) Les femmes avaient donc la possibilité de se mettre en valeur en montrant leurs talents à un plus vaste public. Cependant, leur apparence physique restait toujours plus importante que leurs talents musicaux et tous les spectacles de femmes étaient souvent décrits comme une sorte de « shows sexuels ».

Aussi quand les propriétaires de clubs se sont rendus compte de l'aspect bling- bling, lucratif de ce marché, ils embauchèrent de plus en plus de femmes et tout particulièrement les plus jolies physiquement.

Ces comportements devaient d’ailleurs conduire au 1er mouvement pour les droits des femmes qui parmi moultes combat, luttaient contre la réduction des femmes au statut d'objet sexuel en lieu et place d’une reconnaissance de leurs talents.

Croyez-vous que nous parlons du 20e ou du 21e siècle ? N’'hésitez pas à partager votre avis et de commenter la série ci-dessous.

2-La batterie double (double drumming)

A mesure que les Vaudeville shows grossissaient, les propriétaires auraient bien voulu qu'une seule personne puisse jouer des instruments de percussion, plutôt que les deux musiciens nécessaires jusqu’alors. C'était bien sûr pour que cela coûte moins cher, mais aussi pour obtenir un effet visuel plus divertissant.

C'est ce qui amena la création de ce qu'on appelait la « batterie double ». Les batteurs posaient la caisse claire sur une chaise devant eux et la grosse caisse au sol ; on pouvait donc jouer des deux instruments en utilisant des baguettes.

Faisons un p’tit détour par mon studio pour que je vous montre de quoi il s’agissait.

J'ai installé ici un dispositif qui ressemble à cette double-batterie. Comme la musique appréciée à cette époque, était celle des fanfares avec leurs rythmes, la double-batterie avait pour mission de reproduire cette approche. Avec la grosse caisse on marquait les 3e et 4e temps, comme ceci, pendant que la caisse claire frappait les 2e et 4e temps. (Démonstration : Toum, Tac / Toum, Tac/ Toum, Tac…)

Ce type de rythme est connu sous le terme « 2- feel » qui est en quelque sorte conçu pour faire bouger un grand nombre de gens comme vous le faites en ce moment, non ?

En complément, la caisse claire battait également les rudiments des fanfares. Voici une petite démonstration. La double-batterie sonnait ainsi : (Démonstration du Groove de double-batterie.)

3 - Invention de la pédale de grosse caisse

La double-batterie était assez marrante mais sans pédale de grosse caisse, c’était plutôt difficile techniquement. De fait, la double-batterie était antérieure à l'invention de la pédale de grosse caisse bien qu’on ait fait quelques tentatives. La plus notable était la « overhang pedal » qui restait réellement difficile à maîtriser ; la plupart des batteurs préféraient toujours jouer avec des baguettes.

C'est en 1909 que la compagnie Ludwig, basée à Chicago, inventa la première pédale de grosse caisse (roulement de tambour) digne de ce nom. Une véritable révolution !

Le type de pédale qu’ils inventèrent est très proche de ce que nous utilisons aujourd'hui et présentait même un atout supplémentaire ; il était possible de la démonter pour la mettre dans sa poche, ce que vous ne pouvez pas faire avec les pédales d'aujourd'hui.

Cette caractéristique était particulièrement utile à l'époque, dans la mesure où les batteurs devaient trimballer leur engin en tram, véhicule qui devenait courant dans toutes les grandes villes US. On avait été d’ailleurs édicté une loi qui disait que vous ne pouviez faire monter à bord que ce que vous pouviez transporter manuellement. Pour cette raison, les batteurs faisaient preuve d’innovation pour pouvoir déplacer leur matériel de représentations en représentations.

Et vous tous les batteurs qui visionnez cette série, qu'en pensez-vous ? commentez ci-dessous

4- Le ragtime

Dans les années 1890, un nouveau style de musique commençait à se développer sous le nom de ragtime.  A l'origine, elle était jouée par des pianistes afro-américains accompagné de guitariste et de banjoïstes.  le rythme de cette musique était très syncopé et entraînait les gens à la danse, ce qui plaisait beaucoup.

Les batteurs ne disposaient toujours que de la double-batterie mais devenaient de plus en plus habiles dans les différents rythmes et rudiments et commençaient à improviser avec un swing de plus en plus intéressant.

Me voici de nouveau dans mon studio pour examiner ce rythme syncopé qui définit peu ou prou le Ragtime ; son origine se trouve dans la Rumba Clavé.

Ce rythme créé par les peuples Yoruba qui vivaient en Afrique de l'Ouest sonnait de cette manière : Démonstration frappée dans les mains.

Cette syncope qu’on ressent, est particulièrement propice à la danse. On peut aussi l'entendre très clairement dans la manière dont tous les instruments et bien sûr la batterie jouent le ragtime. Ça donne à peu près ça :

Démonstration batterie seule.

Et puis avec la musique : Démonstration (musique de Scott Joplin « nonpareil »).

Au début du siècle, l'Amérique accueillait des immigrants du monde entier. Une arrivée qui amènera les batteurs à essayer de nouveaux sons rendant plus intéressantes leur improvisation. Parmi ces sons on trouvait les « woodblocks » originaires de Chine et de Corée qui connurent un grand succès, Les cloches africaines ou « Gankoqui », les « Tack toms » Chinois et les cymbales retournées aussi appelées « Chinas ». Les cymbales Turques sont également très répandues et vont faire connaître une famille de fabricants, qui débarqua aux États-Unis au début des années 20 : La famille Zildjian.

Photo : J’aime mes cymbales Zildjian.

 

5- Trap drummers – (les batteurs à bidule)

Exactement comme les batteurs d'aujourd'hui, ceux de l'époque étaient habituées à occuper divers emplois. En plus des fanfares et des orchestres, on pouvait également vous embaucher pour des spectacles de variétés ou diverses productions théâtrales dans lesquelles, les batteurs créaient des effets sonores pour accompagner les danseurs ou les comédiens sur scène. Avec l'évolution du cinéma et de la radio, les batteurs, et parfois en grand nombre, étaient embauchés comme bruiteurs pour les programmes de radio et les films muets.

Cachés derrière l'écran de cinéma, les batteurs produisaient des bruits comme par exemple des coups de feu, des trains, des pleurs de bébé, des galops de cheval, tout cela avec des woodblocks, des sifflets, des scies et toutes sortes d'engins ou de bidules.

On appelait alors les batteries (drum kits) des « trap kits » ce qui signifie en Français un ensemble de bidules.

Ce « Trap kit » désignait le plateau sur lequel reposaient les différents engins ou percussions. En Anglais, « engin » se dit « contraption ».

Le mot a été réduit en « Trap » d’où l’expression « Trap kit ».

Les instrumentistes étaient donc désignés comme des batteurs à bidule (« Trap drummers »)

Pas ce genre de TRAP (Le mot a beaucoup de sens en Anglais)

Et vous, qu'est-ce que vous auriez trouvé marrant comme type de nouveau son ? Vos commentaires ci-dessous

 

6- L’invention des balais

Le problème habituel des orchestres était que les batteurs jouaient trop fort et masquaient les autres instruments. A cette époque pas de sono ni d’amplification ! Par contre, les batteries avaient la même taille ou étaient encore plus imposantes qu'aujourd'hui.

Les batteurs cherchèrent donc un système pour jouer plus discrètement. Un des moyens fut la « tapette à mouche » (fly swatter) qui était faite de métal avec même certains systèmes télescopiques. Vous avez reconnu les balais (brushes) dont la pertinence n’a pas été démentie puisque ces instruments sont couramment utilisés aujourd'hui.

Où est donc ma Tapette à mouche ?

7 La première batterie digne de ce nom

En 1918, la première batterie (drum kit) telle que nous la connaissons, fut officiellement créée par la compagnie Ludwig. Ils inventèrent un kit tout-en-un, comportant une grosse caisse, une caisse claire, deux cymbales et un woodblock. Ils l'appelèrent la « Jazz-Er-Up ».

 C'était une véritable innovation ! L’utilisation des Drum kits devint de plus en plus fréquente dans les musiques modernes et les batteurs scellèrent leur rôle pour les décennies à venir. Toute cette effervescence matérielle préparait également l'aboutissement d'un type de musique fantastique, le Jazz

Nous en saurons plus lors du prochain épisode.

Episode 3 : 1920-1930.

Merci de votre écoute. Vos commentaires ci-dessous avec vos questions et vos réflexions. N'oubliez pas de vous abonner pour ne pas rater le prochain épisode où nous allons découvrir quelques orchestres de femmes incroyables et l'origine du mot jazz, une musique qui a connu un incroyable succès en 1920. Pour quelle raison ? C’est ce que nous verrons.

A bientôt.

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