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Quand le rêve se termine mal ! Une histoire de voyages et de bateaux immobiles... -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Cale sèche

                                  Cale sèche

 

 

Dans la chambre exigüe de son deux pièces, Eric Sirven ne savait trop que faire. Il avait échafaudé dans sa tête fiévreuse, mille projets depuis le début de l’après-midi. La lassitude sourde qu’il ressentait s’accompagnait d’une fébrilité incessante. Tout ce qu’il entreprenait ne durait que de trop courts instants. Son attention se perdait à la moindre sollicitation. Ce qu’il avait dans la tête, du diable s’il le savait lui-même !

Une fois de plus, il s’était levé d’une table de travail en friche, s’approchant de la fenêtre comme à regret. Les poings serrés dans les poches, il tenta un regard vers le fond de la rue, puis comme s’il fallait se résoudre à un geste quelconque, il ouvrit les battants. Les bras tendus agrippés aux montants de ferraille, il regardait sans voir et n’ayant de matière à penser qu’une vacuité futile, il se répétait sans conviction : « On every hand, stretched the forest primeval… » La phrase de Jack London n’était plus qu’une musique, un air lointain qui accompagnait son absence. Tant de manuscrits dans ses tiroirs, tant de livres signés de sa main sur les étagères. Traduire avait été un acte si facile.

Il revint à sa table, contemplant les quatre mots écrits sur sa feuille. Un titre pour cette nouvelle de London, dont il n’était même pas satisfait. Il résista à cette envie douloureusement banale, de réduire ce papier inutile en boule et se lova au creux d’un fauteuil dont il débordait de toutes parts.

 

Sa vie était un vrai château de cartes. Il avait empilé jour après jour une chose sur l’autre, un fait, et le lendemain son contraire ; une sorte de course poursuite l’entrainait à tout voir, tout explorer, sans jamais se soucier de la mémoire qu’il en garderait. C’était un collectionneur sans collection, la victime d’une implosion sans fin dont il était le point central. Son avidité était celle du photographe, un photographe qui omettrait systématiquement de mettre un film à l’intérieur de son appareil argentique.

Une seule exigence avait toujours semblé l’animer. La nécessité absolue du mouvement. Surtout ne pas s’arrêter. Toute sensation de perte de vitesse lui était insupportable : éviter à tout prix d’être le plus court instant, statique. Tout ce qui ne bouge pas est mort.

Jusqu’à présent, cette philosophie lui avait plutôt bien réussi. Il avait franchi sans effort, les échelons d’une vie professionnelle que, nombre de ses confrères du même âge, lui enviaient. Son château de cartes n’avait rien d’espagnol. Tandis que la construction se montait, que les évènements défilaient dans sa vie sans un moment d’interruption, jamais, il n’avait pensé aux deux dernières cartes, là-haut, tout là-haut, au sommet de l’édifice ; ce moment où plus un seul évènement ne peut être amassé, où il faut bien qu’après l’équilibre, le château s’écroule.

*              *              *              *

Combien de temps avait-il passé sur ce fauteuil ? Cloîtré dans un mutisme de pensées, incapable de faire un geste, comme retenu à l’intérieur. A mesure que les heures passaient, l’impression douloureuse et forte de casser le cours des choses gagnait en lui comme si l’absence, enrayant une gangrène insidieuse, lui permettait de croire en une force nouvelle. Par la fenêtre ouverte, il avait vu les lumières de la ville s’allumer, immobile dans l’obscurité de sa chambre, il gardait les yeux grands ouverts, incapable même, de s’endormir. Pourtant la sensation était semblable au sommeil avec en plus l’effroi de regarder, de sentir ce retrait du monde.

Un courant d’air froid massait son visage et ce n’était pour lui qu’une lancinante caresse qui l’engourdissait toujours plus, le clouant à son fauteuil pour des heures encore. Venu de nulle part, un texte se forma peu à peu dans son esprit, pas comme une pensée, non, une image plutôt, sortie des brumes :

        « Un jour de plus au fond du ventre, un jour où la terre s’échappe sous le pied, pour n’être plus qu’une traînée brune, où le sol s’ouvre en rigoles de quelques pouces ; un jour de plus, lourd comme une pluie de printemps. »

Comme plaqués sur un écran, les mots restèrent là, gravés quelque part dans son esprit et il n’avait d’autre choix que de les regarder et puis, comme dans un rêve, l’image se mit doucement à s’ébranler, à tourner sur elle-même de plus en plus vite, jusqu’à former un tourbillon d’ombres et de lumières qui le tirait, l’attirait, l’aspirait…

Il se retrouva sur ses deux pieds, la tête entre les mains, titubant jusqu’à sa fenêtre, sorti tout à coup de sa catalepsie. Changeant de pièce, il se précipita vers l’évier de la cuisine et ouvrit à grande eau l’unique robinet sur sa tête. L’eau s’écoulait le long de ses tempes sans qu’il en ressente un bienfait immédiat : L’évier de métal ne rendait qu’un son assourdi, très lointain, comme s’il avait eue la tête enserrée dans une fine gangue de caoutchouc. Il se releva comme un automate, ferma le robinet, passa les deux mains en coupole sur son visage, dans un geste enveloppant, jusqu’à la nuque. Aucune question dans son esprit, à peine un sentiment d’étrangeté et la soudaine nécessité de sortir, de voir le monde qui s’agite et les gens qui passent dans la rue. Se croire à Paris lorsqu’on marche dans sa tête mais que défilent des visages sans nom autour de soi, juste comme un rappel, une note dans la marge : Rappelles-toi que tu vis et que tu marches, rappelles toi des mouvements de la ville, des bruits, des couleurs, des rencontres…

 

*              *              *              *

 

Eric marcha longtemps dans cette nuit d’hiver. Le froid l’enveloppait, le tenait engourdi. Il avançait hagard et sans but, incapable de savoir où il se trouvait, incapable de la moindre pensée. A quel moment s’était-il arrêté dans ce parc, assis sur ce banc ?

  • Hé ! l’ami ! Les mots parvinrent à Eric, très affaiblis, le laissant sans réaction.
  • Hé ! Reprit la voix, un peu plus fort. Une main saisit son épaule. « Alors mon gars, c’est-y qu’t’entends pas l’vieux Sam ou qu’tu fais semblant. Ho-là mais c’est qu’t’as pas l’air d’êt’ dans ton assiette mon p’tit père. Dommage parce qui va falloir qu’tu changes de pénates. T’as posé tes grossières sur la paillasse du vieux Sam. Va falloir qu’tu déménages ton paquetage mat’lot ! »

Sirven restait à le regarder avec de grands yeux surpris, cherchant à trouver quelque part dans sa mémoire l’image de l’invraisemblable vieillard qui le secouait maintenant par l’épaule.

  • En v’là un qu’a mis l’nez dans la cambuse et qui trouve plus la sortie, pas vrai ? T’as entendu c’qui t’a dit l’vieux Sam ! T’as pris ton quart sur Ma vigie… T’as posé ton sac dans mon bouge…Mais c’est pas vrai, il en amarre pas une cet ensablé. Vas t’échouer ailleurs qu’sur mon banc ! finit-il par lui crier dans l’oreille. Secoué, tant par les cris que par l’haleine de vieux vin, Sirven eut un geste de recul portant la main à sa bouche.
  • Tiens, te v’là qui r’prends la marée. T’y as mis l’temps. 
  • Qui êtes vous ? Souffla Eric.
  • « Mais on t’l’a dit mat’lot. L’vieux Sam, y s’présente toujours aux étrangers, même ceux qu’annoncent pas leur pédigrée. »

Eric dévisageait l’homme sous son chapeau, fixait le manteau qui un jour avait dû être gris. Dans la lumière pâle, il ne distinguait que les yeux de l’homme, qui brillaient étrangement.

  • « Hé ben ! » Reprit le vieux. « T’as bien un pédigrée ? Comment qu’c’est qu’on t’appelle ? » Dit-il sur un ton mi-agaçé, mi-ironique.
  • « Jack Eric…London…Sirven. »
  • « Pouh…Quatre pavillons pour un seul mousse ? Une cargaison pareille, ça t’envoie par le fonds en moins d’deux. Faut laisser du mou au port mat’lot si tu veux pas creuser ton trou dans l’eau. Jack, ça suffira bien, pour qu’on t’reconnaisse dans les parages. Dis-moi marin, qu’est-ce qui t’amènes à mouiller par ici ? »
  • « Mouiller… ? »
  • « T’as échoué ton rafiot, pas vrai ? C’est pas un banc qu’t’as sous la quille, c’est un banc d’sable. » Le vieux partit d’un grand rire en s’asseyant aux côtés d’un Sirven médusé, cherchant désespérément à comprendre ce qu’on lui voulait.
  • « Allez, te biles pas mon prince. Faut bien qu’le vieux Sam s’amuse un peu. Racontes moi tes malheurs mat’lot : Faut savoir prendre un ris quand l’vent s’lève. Qu’est-ce que tu fais là sous mes étoiles ? »

 

Peu à peu, Eric oubliait le froid, l’engourdissement de son corps, pour ne plus s’intéresser qu’au vieux bonhomme et à l’odeur rance qui sortait de sa bouche, pleine de phrases étranges. L’image d’un bateau se forma dans son esprit, venue de si loin, sortie de nulle part.

  • « Vous…Vous êtes un marin ? » Demanda-t-il d’une voix peu assurée. Le rire du vieux éclata de nouveau.
  • « Ha ben toi alors…C’est pas la cambuse que t’as dévalisée…T’as mariné combien d’jours dans un tonneau d’rhum, dis moi. Si j’suis un marin ? Pour sur que j’suis marin. J’te dis qu’t’as j’té l’ancre sur mon trois mats ! Attention ! Pare à la manœuvre ! Larguez les amarres ! Cap sur la baie d’Rivoli ! » Le vieux Sam se tenait les côtes comme s’il n’avait jamais autant ri. Il s’était mis debout sur le banc, battant l’air de grands gestes, vociférant et riant tout à la fois.
  • « Ha ben toi alors… ! » répéta-t-il plusieurs fois.

Eric hésita puis se mit à rire lui aussi. Soudain, le vieux s’arrêta et reprit plus grave :

  • « Pour sur que j’ai été marin mais ça fait un bail que la mer s’est retirée et m’a laissé dans l’port. Tiens ! On va s’rincer la cale. Faut briquer les planchers qu’a dit l’bosco. Ça f’sait longtemps que l’vieux Sam n’avait pas appareillé. On va fêter ça ! »

Le vieux sortit de son sac une bouteille et la porta à sa bouche pour une longue gorgée. Dans un souffle chargé, il essuya le goulot et tendit la bouteille à Eric qui faillit recracher le vin aigre.

  • « Vous pouvez me dire où nous sommes ? » Demanda-t-il en restituant la bouteille.
  • « Parce qu’en plus t’as perdu ta boussole. Va bien falloir que tu m’racontes mat’lot… »

 

Flanqué de son étrange compagnon, Sirven sentit tout à coup affluer les images de sa vie dans sa tête vide. Il se rendit compte que le vieux Sam était l’oreille idéale pour écouter ce qui l’avait amené là, sur ce banc. Peu importe ce qu’il penserait de cette vie dont il avait joui sans réserve et qui le quittait aujourd’hui. Il parla vite, accumulant les moments fugaces, les images en désordre dont il se rappelait comme s’il était urgent de tout dire avant que le cauchemar ne s’évanouisse. Sam écoutait sans un mot, tirant parfois au goulot de sa bouteille. Lorsqu’il en eut fini, Sam éclusa les dernières gouttes d’une bouteille et la reposa vide sous le banc à côté des autres.

  • « Ça alors ! » dit-il. « C’est la plus belle histoire de bateau-fantôme que j’ai jamais entendue. En tous cas, t’as rudement bien fait           d’ quitter l’navire. Qui resterait sur un rafiot sans barre qui change de cap tout seul, à la moindre piaule. A c’tarif là, vaut mieux rester stancké, bout au vent, et que rien ne bouge. »

Sirven comprenait vaguement le sens des phrases du vieux Sam. Il semblait trouver évident ce qui l’avait amené là, nullement surpris que l’histoire d’Eric l’ait conduit à ce banc, pourvu qu’il puisse en parler dans son langage.

  • « Si j’ai bien compris » reprit-il « tu cherches une chaloupe pour garder la tête hors de l’eau et un autre rafiot pour garder le cap. Va falloir monter en vigie et scruter la mer moussaillon. J’en aie connu des équipages qui n’en pouvaient plus de regarder la mer, qui attendaient des jours et des jours avant qu’on puisse crier : Terre ! de là-haut dans le nid de poule. Des jours à chercher sans savoir où l’on est, perdu dans ce foutu bleu qui vous possède la trogne, les bras, les jambes et tout le reste…T’en fais pas ! l’vieux Sam, il en connait des combines, il a sillonné toutes les mers, trempé son étrave à tous les vents…C’est pas une boussole cassée qui va l’effrayer. »
  • « Vous voulez dire que vous pouvez m’aider ? »
  • « T’emballes pas moussaillon. Faut commencer par mettre en panne. Jeter l’ancre sous les étoiles et observer le ciel pour savoir où on est ! »

Le vieux posa une série de questions, obligeant Eric à tout détailler depuis le début. Les visages les lieux, les paroles, passant en revue la moindre minute qui s’était écoulée et dont il se souvenait. Il traduisait tout dans son langage salé, émaillé de cambuses, de misaines, de guindeaux et de gréements divers.

Peu à peu Sirven s’y faisait et curieusement se formaient dans sa tête, les images des clippers et des sloops, les images des voiles larguées sur la mer, le bruit des moteurs dans la salle des machines. En même temps qu’il entrait dans le monde du vieux marin, les questions incessantes de Sam lui ouvraient les yeux, éclaircissaient ses idées. Comme il l’avait dit, Sirven était monté en vigie et devant lui l’horizon était encore vierge, l’énigme était loin d’être résolue mais le chemin s’ouvrait devant lui.

Le vieux s’était arrêté de parler. Sirven le regardait comme un enfant qui attend une réponse. Il s’était mis à se récurer les narines consciencieusement, comme s’il était soudain indifférent à la présence d’Eric. Il prit la bouteille  à moitié pleine qu’il avait dans les mains et engloutit le reste du liquide brunâtre. Dans le souffle énorme d’après-boire, il dit en agitant son doigt devant la figure d’Eric :

  • « Je n’aime pas ça moussaillon ! Je n’aime pas ça mais il va falloir la suivre ta sirène. »
  • « Ma sirène ? »
  • « Les femmes, moussaillon. Elles veulent toujours vous retenir au port, vous  mettre aux fers, en cale sèche. Un bon marin est un homme en cale sèche pour une femme. Méfie-toi d’elle, mais suis là puisqu’elle est la seule à connaitre ton plan de route. »
  • « Mais de qui voulez-vous parler ? Quelle femme ? »
  • « Lâches les ris mat’lot ! Prends la mer avant la marée si tu n’veux pas rester échoué dans l’port. Suis la sirène. C’est elle qui mène les bateaux fantômes où elle veut. Regarde le vieux Sam ! Jamais suivi la moindre Sirène ! Trop dangereux ! Résultat ! Il a éclusé tous les bars d’argentine à Rivoli l’vieux Sam, de La Muette à Solférino, et de Bir –Hakeim à Bolivar, jamais raté un seul voyage l’vieux Sam. »
  • Il avait déjà sorti une autre bouteille du sac et s’était mis à chanter tout en rigolant : « Yo ho ho, et une bouteille de rhum ! »
  • Quelle femme ? La question tournait dans la tête d’Eric tandis que le vieux vociférait. Mal à la tête. Mal au ventre. Des points lumineux sur une voute sombre. Qu’avait dit le vieux déjà ? Un ciel empli d’étoiles et rien pour indiquer une direction. Un visage de femme lui souriait. Pas de nord, pas de sud, pas d’étoile du berger, aucun point où accrocher son sextant.

Peu à peu, le grand corps d’Eric se recroquevillait sur lui-même. Plus la force. Replié, en chien de fusil, il reprit sa position sur le banc. Dormir. Fermer les yeux !

  • Le vieux fou chantait toujours avec ses mots avinés, perdu dans sa rue comme en plein océan. Il levait la main vers le ciel, le doigt tendu en direction du pôle, traçant le cap de son bateau imaginaire. « Yo ho ho, et une bouteille de rhum ! »

 

*              *              *              *

Au tout petit matin, quand les blouses bleues de la maraude sont arrivées, le froid de la nuit persistait encore. Ce soir là, On terminait dans ce coin, après toute une nuit à sillonner Paris. Dans le grand car, s’entassaient des hommes et des femmes vêtus de grands manteaux usés et sales. On entendait des soupirs, des ronflements, des éclats de voix sans suite qui semblaient protester.

On les avait ramassés sur les trottoirs, sous les ponts, dans les entrées de métro. Toute la nuit, au fur et à mesure que le froid devenait plus vif, le car avait sillonné la capitale à la recherche de tous les traine-misères que la ville secrète comme autant de plaies de carton étalées sur le bitume, ultime emballage pour se prémunir du froid qui semblait monter du sol. Et ce soir là, le thermomètre était descendu à moins cinq.

Il était quatre heures maintenant. Le dernier quartier à visiter pour ce soir. Il ne restait plus que le petit parc avec ses quelques bancs épars qui servaient toujours de refuge à quelques habitués.

  • « Marcel ! Amène la civière par ici. Regardes ! Sur le banc là-bas. »

Marcel était le plus ancien des volontaires. Deux nuits par semaine, il conduisait le car. Il jeta un œil dans la direction indiquée par sa collègue :

  • « Mais non, laisses ! Ça c’est l’vieux Sam. Je le vois bouger. S’il est pas mort à cette heure-ci, il tiendra bien une heure de plus. De toute façon, il ne voudra pas nous suivre. Mieux vaut attendre les nuits encore plus froides pour l’embarquer de force. »
  • « J’ai bien vu que c’est l’vieux Sam, mais jettes un œil à côté de lui. Il n’est pas seul, pour une fois. »

Les deux volontaires s’approchèrent du banc vérifiant rapidement que Sam n’avait rien de plus grave qu’une bonne cuite de plus et s’intéressèrent à l’homme bien plus jeune qui semblait dormir à côté de lui.

  • « Tu le connais Marcel ? »
  • « Jamais vu par ici. Il a pas l’air bien du tout. » dit-il en enserrant sa gorge dans sa main pour lui prendre le pouls. « Nom de dieu ! » Pour une fois qu’on finit par ce foutu quartier. Et dire que ce n’est que le premier de l’hiver. Regardes dans ses poches s’il a des papiers. »
  • « Ouais ! Il a 28 ans, le môme…Guy Serfati. Ça te dit quelque chose. »
  • « Ce que ça me dit, c’est qu’on appelle ça les nouveaux pauvres et qu’on n’en a pas fini de les voir crever comme des chiens dans la rue. »
  • « Regardes ce qu’il a avec lui. Deux bouquins. C’est des livres en anglais, dis donc. Lord Jim, une histoire de marins je crois et des nouvelles de London. C’est pas des livres à son nom. Regardes : Eric  Sirven. »
  • « Ouais. Il aura ramassé ça dans une poubelle. Des livres en trop et lui qui les ramasse pour se faire des voyages. Putain d’voyage ! Bon on va quand même embarquer le vieux Sam, des fois qu’il saurait quelque chose. »

 

Le car démarra dans les vociférations du vieux poivrot. On avait installé le corps du jeune homme à l’arrière dans la cabine prévue à cet effet.

                                                                                                                 BRP années 90 revu 2018

 

 

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