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La complainte des naufragés

Aux marins pétrifiés

Qui se voulaient sentinelles

Arrachant leurs étraves aux bateaux suppliciés

Supportant les craquements des frégates qu’ils écartèlent

 

A leurs griffes de granite

Que ne caressent que de grands oiseaux brailleurs

La vague est bataille et l’embrun les délite

Ils ne veulent rien de cette éternité de naufrageur

 

         C’est pas nous, c’est le vent

         Nous étions ces condamnés errants

         Avant de prendre pierre en sifflant

 

         C’est pas nous, c’est la mer

         Qui t’emporte et te porte en terre

Dressé comme un roc, coupant comme le fer

 

Ils n’auraient plus que la peau sur les eaux

Ecorchés verdissants dans la lumière de tempête

De leurs corps disparus sous la fanfare des mouettes

On tisserait des prières en choisissant les mots

 

Aux marins pétrifiés érigés sur la lande

Qu’au moins le baume et l’éclat d’un ciel écarlate

Viennent nourrir les vivants qui demandent,

De la vue même d’une parure de sang dans leurs yeux d’Agathe

                                                                            BRP 14/04/2022

Tag(s) : #Textes (poésie)
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